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Au petit trot. C'est sur ce rythme que l'Espagne, championne du monde et d'Europe en titre, a donné l'impression de vouloir gagner son match. En lice pour gagner un troisième titre majeur d'affilé, les joueurs de Del Bosque se sont heurtés à une disposition tactique défensive de Laurent Blanc bloquant judicieusement les qualités créatives d'Iniesta et Xavi. Bien regroupés, les joueurs français, avec un Malouda intraitable à sa tête, fermait bien le jeu et laissait le soin aux espagnols de se briser tôt ou tard sur la défense française. Après un premier round d'observation de cinq minutes, c'est l'Espagne qui mettait le nez à la fenêtre. A la 6ème minute, c'est le catalan Fabregas qui se montrait une première fois dangereux avec un déboulé dans les seize mètres mais Clichy le faisait chuter d'un croche-patte non intentionnel que l'arbitre Rizzoli ne sanctionnait pas d'un penalty. Gageons qu'en dehors de la fatidique surface de réparation, la faute aurait été sifflée. Mais l'Espagne n'abdiquait pas et c'est à la 19ème minute qu'elle ouvrait le score sur une brillante action amorcée par Iniesta qui lançait Jordi Alba sur l'aile gauche. Celui-ci effaçait son maladroit cerbère et adressait un centre parfait pour Xabi Alonso, le défenseur central du Réal Madrid, qui ne se faisait pas prier pour placer une superbe tête piquée en bout de course en prenant à contre-pied Hugo Lloris.

Une occasion, un goal, Del Bosque ne pouvait demander meilleur taux de concrétisation de la part de ses joueurs. Les Bleus, piqués au vif, remontait alors plus haut dans le terrain afin de récupérer plus rapidement le ballon. C'était toutefois sans se montrer très dangereux, leur unique occasion de cette première mi-temps résidait sur un beau coup-franc de Cabaye placé en pleine lucarne que Casillas détournait sans peine en corner.

Insipide deuxième mi-temps

Après le thé, le match prenait une tournure désastreuse au niveau de la qualité du jeu. L'Espagne se montrait incapable d'être réellement dangereuse, se contenant de trotter sur le terrain et jouant beaucoup vers l'arrière pour assurer leur acquis et la France en face, était pénalisée par la lourdeur et l'improductivité d'un fantomatique Benzema, visiblement pas dans son meilleur jour. Seul Ribery apportait un peu de percussion à l'attaque française et mettait en danger l'arrière-garde espagnole mais ses actions n'aboutissait jamais sur une réelle occasion de but. A vrai dire, les Bleus n'auront été dangereux qu'une seule fois durant cette deuxième période sur un centre de Ribery de la 60ème minute qui trouvait la tête de Debuchy mais son coup de tête passait de peu au dessus de la latte espagnole. En effet, tant Nasri que Giroud ou Ménez, les trois changements apportés par Laurent Blanc, n'apportaient aucune solution à cette anémique attaque française. Et c'est sans trop forcer, presque sereinement que les espagnols attendaient la fin du match. On rentrait ainsi dans les arrêts de jeu lorsque Pedro sortait les spectateurs d'une profonde léthargie et suite à un habile dribble mettait Réveillière dans le vent. Il provoquait une faute indiscutable que l'arbitre accordait sans broncher, probablement pour compenser son oubli de la 6ème minute. Xabi Alonso, encore lui, le transformait d'une frappe imparable dans le petit filet gauche et signait un joli doublé. Les espoirs français étaient définitivement enterrés et le match se terminait sur un arrière goût d'inachevé tant le rythme du match aura été decrescendo.

Copie à revoir pour l'Espagne

Malgré ce résultat flatteur, l'Espagne devra clairement hausser le niveau de son jeu si elle compte rester une des favorites du tournoi avec l'Allemagne. Sa suffisance et son déchet technique en deuxième mi-temps (quel festival de passes ratées !) n'ont pas permis à l'Equipe de France, sans idées, de profiter de ses largesses techniques. Seule sa défense à permis de bloquer l'attaque française mais façe à Gomez ou Klose voire même Cristiano Ronaldo, en net regain de forme depuis deux matchs, elle risque d'aller vers une cruelle désillusion si elle n'augmente pas son niveau de jeu. La France, quant à elle, a pu mesurer tout le chemin qui lui reste à parcourir pour concocter une attaque capable de mettre en danger les meilleures défenses du monde. Au final, le résultat demeure logique et on espère revoir cette nouvelle génération française d'attaque pour les prochaines qualifications de la Coupe du Monde 2014.


Par Matias Sancho